Du 22 au 24 avril de cette année s’est tenue la 22ème édition du Salon Laval Virtual World. C’est l’un des événements références en matière de Réalité Virtuelle, Augmentée, et Mixte. Chaque année c’est l’occasion pour tous les concepteurs d’expériences et les constructeurs de matériel de ce type, de venir présenter leurs nouveautés. C’est également l’occasion de rencontrer des acteurs venus des quatre coins du monde, et d’échanger sur les dernières idées novatrices, notamment dans le domaine de la santé.
Cette année, nous aurions pu penser que ce grand rassemblement serait, comme les autres, annulé. C’était sans compter sur le génie des organisateurs. Car quoi de mieux pour promulguer les technologies immersives qu’un salon entièrement conçu dans un monde virtuel. C’est le défi qu’ils ont admirablement relevé.
Et dans le domaine de la santé c’est des dizaines de nouveaux projets qui ont été présentés cette année. Si vous souhaitez en savoir plus, ils ont été repris dans un magazine. Vous pouvez nous croire, il y a la de vraies perles. Des nouvelles expériences de formation, à la prévention, en passant par la rééducation ou encore l’évasion des personnes en situation de handicap, le panel était large.
Mais comment un tel événement est-il devenu possible ? Tous les acteurs, même les plus novices, ont-ils pu avoir accès à l’événement ? Nous vous proposons aujourd’hui de revenir sur ces quelques jours incroyables grâce à deux acteurs importants de la communauté du Laval Virtual World. Nicolas RIBEYRE, et Dr Grégory MAUBON (référence en fin d’article), nous ont parlé de leurs impressions face au challenge que cet événement a représenté.
Tout d’abord, un point rapide sur l’histoire du Laval Virtual World 2020 :
Nicolas Ribeyre :
Devant l’annonce par le gouvernement de l’interdiction et des rassemblements pendant la période de confinement que nous venons de vivre, Laval Virtual a décidé rapidement d’évaluer les possibilités de faire migrer le salon physique qui se déroule depuis 1999 en un salon 100% virtuel et ceci en un temps record, puisque nous ne disposions que de 4 semaines pour un « Go » ou « No Go » dans ce projet.
Comment s’organisait ce salon totalement virtuel ? Était-il accessible à des personnes novices en matière de technologies immersives ?
Nicolas Ribeyre :
Le choix de Laval Virtual a été de ne pas choisir une solution 100% VR. Il est possible d’accéder à cet univers depuis son PC ou Mac et ceci sans casque. Ainsi, chacun avait la possibilité de créer son avatar, de le customiser à son goût sur une gamme réduite puis d’intégrer le Laval Virtual World. En parallèle, nous avions opté pour une solution supplémentaire de networking. Cela pour que les visiteurs puissent gérer leurs agendas et inviter d’autres participants à les rencontrer dans l’univers.
A partir d’un simple ordinateur, d’un casque pour l’audio et de son clavier, on pouvait ensuite intégrer le Laval Virtual World. Il était possible de se déplacer et de suivre les 150 conférences organisées. Ce fut aussi la possibilité de participer à des jeux ou de suivre la remise des Laval Virtual Awards. Dans le Laval Virtual World, plusieurs bâtiments dédiés à des entreprises étaient dédiées à un accueil commercial. En offrant la possibilité de se réunir dans des bureaux privés en s’isolant, d’assister à des présentations produits ou à des travaux scientifiques. C’est un univers dans lequel on était rapidement ravis de faire des rencontres.
Grégory Maubon :
Comme vous pouvez le voir en testant cette solution, il s’agit d’un “monde virtuel” en 3D accessible depuis un ordinateur classique. Laval Virtual World comprenait donc plusieurs espaces où les participants pouvaient se déplacer librement. Des salles de conférences étaient adaptées aux intervenants et au tables rondes. Une multitude de salles étaient également à la disposition des partenaires pour organiser leur propre événement ou groupes de travail durant l’événement. Le festival Recto VRso avait son propre lieu pour organiser des rencontres avec les artistes. Il ne faut pas obliger de mentionner également plusieurs lieux “sociaux” comme la plage ou de terrain de football, destinés à permettre aux visiteurs de flâner et de discuter librement. Ces endroits ont été particulièrement utilisé !
Combien y a t-il eu de « visiteurs » ? Et d’un point de vue personnel de la santé et de la prévention ?
Nicolas Ribeyre :
11 200 professionnels se sont inscrits dans ce monde virtuel pour cette édition 2020. 150 conférenciers ont donné le meilleur d’eux mêmes pour cette performance à distance. 6 cycles thématiques étaient organisés dont un sur la santé qui peut être visionnée en cliquant sur ce lien. A cette occasion, j’ai pu présenter le lancement de notre dernier magazine dédié aux usages de la VR/AR dans le domaine de la santé qui est téléchargeable.
Quelles sont, pour vous, les différences, positives ou négatives, à se retrouver en version virtuelle ?
Nicolas Ribeyre :
Tout d’abord et c’est indéniable c’est l’impact écologique positif : pas de déplacement et par conséquent pas de d’emission Carbone. C’est aussi la possibilité pour des personnes issues de 120 pays (pour une édition physique habituelle, nous avons des visiteurs de 50 pays) de se donner rendez-vous dans un même lieu. Une fois la maîtrise de la navigation effective et des salles des présentation, chacun pouvait se téléporter dans les salles de conférences ciblées. Pas de problème de place, les salles pouvant s’adapter au nombre de présents, avec les mêmes codes que dans une présentation physique, on pouvait prendre place et s’asseoir.
Le positif est l’interaction et la proximité puisque les avatars pouvaient s’isoler dans des zones identifiées au sol par des cercles bleus et s’exprimer en conversation privée. Honnêtement, c’est une autre utilisation également de la planification des rendez-vous grâce à l’outil de networking mais aussi la possibilité de faire des rencontres au hasard grâce au nom des participants au-dessus de la tête de leur avatar. Pas d’inhibition dans ce cas d’aborder virtuellement une célébrité de la VR/AR ou un prospect important.
Grégory Maubon :
C’est une question extrêmement compliquée. Il y a beaucoup de points communs entre les deux modalités. Il faut toujours bâtir un programme, convaincre les futurs visiteurs de venir, faire en sorte qu’ils se sentent “bien” une fois sur place, aider les intervenants à tirer le maximum de leur présence, etc.
La principale difficulté dans les événements virtuels est peut-être la dépendance à la technique pour les aspects de l’organisation. La présence des personnes (intervenants ou spectateurs) est tributaire de leur liaison Internet et de leur matériels, un chose qu’on ne maîtrise pas. Dans un salon physique, l’intervenant ou le public ne peut pas disparaître en pleine conférence, dans un événement virtuel c’est possible ! Pour un organisateur c’est très stressant et cela oblige à une préparation encore plus rigoureuse.
Autre chose assez déstabilisante dans un événement virtuel, il n’est pas aussi facile de “sentir” le public. C’est une chose étrange pour un conférencier ou un modérateur. Nous devons imaginer de multiples formes d’interaction, sans pour autant être constamment sur le dos des gens. C’est un apprentissage intéressant ! Je ne pense pas que ces différences soient positives ou négatives. Elles sont juste à prendre en compte. La pire erreur serait de penser que les deux types d’événements se gèrent de la même manière !
Pensez-vous que le salon virtuel a eu autant d’impact sur les utilisateurs de réalité virtuelle en santé qu’un salon physique ?
Nicolas Ribeyre :
Une demie journée était dédiée à la santé et ce cycle de conférences a attiré près de 200 professionnels. Je dirai donc que le public dédié était bien présent pour une dizaine de projets sur ce thème.
Certains indiquent avoir rencontré plus d’une centaine de prospect chaque jour. Les chiffres sont là sur des publics très qualifiés car intéressés. Cela heureusement ne va pas remplacer la vie réelle des salons, mais c’est une alternative complémentaire. Pour tirer son épingle du jeu, il faudra anticiper et prévoir une version virtuelle en cas d’incapacité ou de frilosité à se développer. Mais certainement trouver le meilleur mix entre un salon 100% virtual et une partie virtuelle dans un salon réel. Comment vont interagir les deux univers au mieux ? Rien ne remplacera selon moi le contact, la convivialité et un verre à partager. Mais les mondes virtuels vont se développer très rapidement j’en suis persuadé.
Grégory Maubon :
C’est difficile de faire une comparaison d’impact sur une première édition. La session dédiée à la santé a été bien suivi et les interactions nombreuses. Je pense que les professionnels de la santé sont maintenant bien sensibilisés aux interactions à distance pour la formation, pour les rencontres métiers ou les interactions avec les patients. La situation de confinement a imposé de nouvelles manières de faire, comme dans d’autres domaines.
Lors d’un salon physique et notamment le Laval Virtual World, la curiosité anime beaucoup de visiteur et les poussent au test. Était-il possible de tester certaines expériences ?
Grégory Maubon :
Pour cette édition 2020, l’organisation a choisi de mettre l’accent sur les conférences et les rencontres. C’est pour cela qu’il n’y avait pas de stands virtuels. Dans les technologies immersives, les tests sont souvent matériels. Il faut avouer que faire tester un casque de réalité virtuel, lui-même virtuel pour aller dans un autre monde virtuel, ce serait une sacrée mise en abîme. Les spectateurs étaient donc plutôt invités à tester des solutions logicielles et à partager leurs ressentis.
Enfin, quel est votre ressenti global sur cette expérience ?
Nicolas Ribeyre :
Laval Virtual sait garder une longueur d’avance. Nous avons une volonté, un enthousiasme et une équipe agile pour répondre à une situation critique. Ce qui nous a permis de nous projeter vers de nouveaux usages. Les rencontres 100% virtuelles dans des environnements dédiés : ce n’est pas le futur, c’est maintenant ! Nous mettons en place une organisation que nous espérons efficace pour pouvoir nous orienter prochainement également vers des partenariats forts et l’organisation pour compte de tiers d’événements 100% virtuels.
Grégory Maubon :
J’ai fait pas mal de salons et j’utilise les outils de travail à distance depuis assez longtemps. Quand Laval Virtual a choisi de passer en 100% virtuel, mon appréhension portait surtout sur le nombre de personnes participantes. Nous avons passé rapidement la barre des 5000 inscrits pour arriver à plus de 11000 ! Et il ne s’agit pas de réunir des petits groupes de personnes juste pour écouter. Tous les participants avaient les mêmes possibilités d’interaction !
Finalement, après une préparation lourde et éprouvante pour toute l’équipe, mon ressenti est très positif. Tout d’abord parce que nous avons montré que c’est possible. J’ai également vu des gens très heureux de participer. Et c’est très encourageant pour la suite des rencontres que nous pouvons imaginer dans le monde d’aujourd’hui. Et puis, j’ai une certaine fierté à montrer que les outils d’interaction à distance que je promeus depuis le début de ma carrière professionnelle sont de vraies alternatives à des déplacements inutiles. La “présence” n’a rien à voir avec la distance, elle dépend d’interactions entre les gens. Au-delà du secteur de l’événementiel, cette réalité va profondément modifier nos vies personnelles et professionnelles dans les années à venir.
En conclusion :
Comme le dit Nicolas Ribeyre, les mondes virtuels peuvent aussi être le lieu d’accueil serein des professionnels de la santé pour se former. Dans une période de crise sanitaire, sans solution hydroalcoolique ou sans masque, et où que vous soyez dans le monde, il est possible de se réunir au sein d’un salon virtuel pour faire avancer ses projets. Vous l’aurez compris c’est une course contre la montre que les organisateurs du Laval Virtual World ont remporté tout en démontrant parfaitement l’utilité des technologies immersives dans tous les secteurs. Du coté utilisateur il y a aussi des retours assez positifs, qui feront l’objet d’un prochain article.
Nous vous présentons ce texte puisque nous sommes d’ailleurs acteurs et spécialistes dans le domaine de la réalité 3D, réalité virtuelle et réalité augmentée. Ainsi, nous proposons aux industriels et professionnels de la santé des prestations afin qu’il puissent par exemple mieux démontrer les avantages de leurs produits.
Nicolas RIBEYRE, responsable de la Veille (VR/AR) chez Laval Virtual
Dr Grégory MAUBON, coordinateur numérique (CDO + CIO) chez HCS Pharma ainsi que consultant indépendant en Réalité Augmentée. Co-fondateur et président de RA’pro. Co-organisateur du Laval Virtual.